Les vacances du Professeur Feriendorf
Les vacances du Professeur Feriendorf
Maître incontesté de sa discipline, le Professeur Feriendorf enseigne l‘Art des vacances. Daphné, trop sérieuse, trop studieuse, n'en a jamais pris et est envoyée par ses parents pour suivre un cours de rattrapage. Elle est bientôt subjuguée par l'aura du Maître.
Le tandem part aussitôt en voyage. Ces travaux pratiques constitueront une étape initiatique capitale pour Daphné et une profonde remise en cause des méthodes de Feriendorf. Le Maitre succombera-t-il au charme de son élève ? L’élève passera-t-elle de bonnes vacances ? Le Professeur serait-il un escroc ?
Une Comédie tendre et cruelle pour deux clowns de théâtre.
Durée : 1 h 30 environ.
Commander...
Mickaël Viguier, Diane Bonnaure.
Mise en scène : Vincent Dheygre.
Extrait :
Lui : -- Afin d’établir un plan de formation personnalisé, je vais immédiatement procéder à un contrôle succinct de vos connaissances.
Elle : -- Je veux bien, Monsieur.
Lui : -- Les matières principales, d’abord…
Elle : -- Oui ?
(Le Professeur Feriendorf commence à écrire à la craie au tableau. Ce qu’il écrit relève de la fantaisie du metteur en scène et du comédien. Il peut aussi dessiner. )
Lui : -- Pouvez-vous établir la liste exhaustive des vacances sur une période d’un an, hors arrêts maladie de complaisance ? (Il dessine un énorme point d’interrogation.)
Elle : -- Maternité incluse, Monsieur ?
Lui : -- (Hurlant soudain.) J’ai dit hors maladies, Mademoiselle ! (Doucement.) Je vous écoute.
Elle : -- (Apeurée.) Hum… Et bien…
Lui : -- (Hurlant à nouveau.) Lancez-vous, Mademoiselle, n’ayez pas peur !
Elle : -- Je vais sûrement dire des bêtises…
Lui : -- (Sentencieux) L’erreur est à la source de tout apprentissage.
Elle : -- Alors, nous avons… heu… par ordre chronologique, n’est ce pas ?… les vacances de noël et de février, dénommées vacances hivernales, les vacances de Pâques, dites vacances printanières, et les vacances d’été, aussi appelées grandes vacances.
Lui : -- Et ?
Elle : -- C’est tout, Monsieur.
Lui : -- Certainement pas ! Réfléchissez !
Elle : -- Je suis désolée. Je ne vois pas, Monsieur.
Lui : -- En automne, Mademoiselle, en automne…
Elle : -- Non, vraiment pas…
Lui : -- (Tournant autour d’elle comme un aigle au dessus de sa proie.) Les vacances de la Tou… de la Tou…
Elle : -- Vous aviez dit hors maladies, Monsieur.
Lui : -- Les vacances de la Toussaint, Mademoiselle !
Elle : -- Ah oui, la Toussaint.
Lui : -- Hivers, printemps, été, automne… V comme Vivaldi et V comme vacances.
Elle : -- Je ne comprends pas, Monsieur.
Lui : -- Vivaldi. Les quatre saisons. C’est un moyen mnémotechnique.
Elle : -- Cela semble compliqué.
Lui : -- Meilleur le moyen est, quand il est compliqué. Car il fait encore plus travailler la mémoire. C’est pour cela que c’est un moyen mnémotechnique. (Elle soupire.) Vous dîtes ?
Elle : -- (Terrorisée.) Je ne dis rien Monsieur !
Lui : -- Vous remettez en cause mon enseignement ?
Elle : -- Non, Monsieur !
Lui : -- Vous faîtes fi de mon cursus ?
Elle : -- Non, Monsieur !
Lui : -- Vous ne savez dire que non, ma parole !
Elle : -- Non, Monsieur !
Lui : -- Laissez-moi vous dire, ma petite demoiselle, que vos négations permanentes sont symptomatiques d’un esprit rigide, voire obtus !
Elle : -- Je vais m’efforcer d’être plus souple, Monsieur !
Lui : -- (Fou de rage.) Je vais vous révéler, moi, le secret, le grand secret que j’ai reçu de mes Maîtres et juré de rendre à mes élèves ! C’est grâce à ce secret que j’ai suivi cette remarquable et exemplaire carrière, grâce à ce secret que je suis le plus grand professeur de vacances de tous les temps, grâce à lui aussi que je consens, malgré votre nullité crasse, à sacrifier sur l’autel de l’édification des cancres un temps précieux pour vous inculquer quelques notions élémentaires ! (Il reprend son souffle.)
Elle : -- (Timidement.) Et quel est ce secret, Monsieur ?
Lui : -- (A nouveau calme.) L’humilité, Mademoiselle. L’humilité en toutes circonstances.